Commentaire d'un Bergson

sur la notion de hasard

 

Une énorme tuile, arrachée par le vent, tombe et assomme un passant. Nous disons que c'est un hasard. Le dirions-nous, si la tuile était simplement brisée sur le sol ? Peut-être, mais c'est que nous penserions vaguement alors à un homme qui aurait pu se trouver là, ou parce que, pour une raison ou pour une autre, ce point spécial du trottoir nous intéressait particulièrement, de telle sorte que la tuile semble l'avoir choisi pour y tomber. Dans les deux cas, il n'y a de hasard que parce qu'un intérêt humain est en jeu et parce que les choses se sont passées comme si l'homme avait été pris en considération, soit en vue de lui rendre service, soit plutôt avec l'intention de lui nuire. Ne pensez qu'au vent arrachant la tuile, à la tuile tombant sur le trottoir, au choc de la tuile contre le sol vous ne voyez plus que du mécanisme, le hasard s'évanouit. Pour qu'il intervienne, il faut que, l'effet ayant une signification humaine, cette signification rejaillisse sur la cause et la colore, pour ainsi dire, d'humanité. Le hasard est donc le mécanisme se comportant comme s'il avait une intention.

Bergson, Les Deux Sources de la Morale et de la Religion, PUF p. 154-155

 

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Henri Bergson (1859 - 1941), dans ce passage de son ouvrage Les Deux Sources de la Morale et de la Religion, donne à penser la croyance au hasard comme étant une forme courante de délire interprétatif. Il est amené ainsi à s'interroger sur la part qui revient à la subjectivité dans l'attitude qui consiste à mettre au compte du hasard des processus naturels. Sa thèse est énoncée à deux reprises textuellement : une première fois, à mi-parcours de sa réflexion, lorsqu'il dit qu'« il n'y a de hasard que parce qu'un intérêt humain est engagé » et une seconde fois, de manière plus précise, dans la dernière phrase lorsqu'il écrit que « le hasard est le mécanisme se comportant comme s'il avait une intention ». Bergson déploie son explication en partant d'un exemple qu'il analyse et exploite tout au long du texte en opposant deux lectures d'un même événement, une lecture interprétative, conduisant à la notion de hasard, et une lecture explicative, s'en tenant aux données objectives.