la philosophie des Lumières
Qu'est-ce que les Lumières ?
Pierre Bayle, l'auteur du Dictionnaire historique et critique (1696-1697), la première machine de guerre contre l'ignorance et le fanatisme, avait prédit que le siècle à venir serait «de jour en jour plus éclairé». La métaphore de la lumière désigne le mouvement intellectuel critique, la floraison d'idées nouvelles, qui caractérise le XVIIIe siècle européen: illuminismo en italien, ilustración en espagnol, Aufklärung en allemand désignent le passage de l'obscurité au jour, de l'obscurantisme à la connaissance rationnelle. Les Lumières en effet sont un processus, une méthode, une attitude intellectuelle, plutôt qu'une doctrine achevée.
Kant, en 1784, écrit: «Les Lumières se définissent comme la sortie de l'homme hors de l'état de minorité, où il se maintient par sa propre faute. La minorité est l'incapacité de se servir de son entendement sans être dirigé par un autre. Elle est due à notre propre faute quand elle résulte non pas d'un manque d'entendement, mais d'un manque de résolution et de courage pour s'en servir sans être dirigé par un autre. Sapere aude! Aie le courage de te servir de ton propre entendement! Voilà la devise des Lumières.»
Pour les intellectuels du XVIIIe siècle européen, l'homme se caractérise par ses facultés cognitives, dont il doit faire un usage critique à l'encontre des préjugés et des superstitions. En cela, ils sont les héritiers de Galilée, de Descartes puis de Newton (dont les recherches théologiques et alchimiques sont alors inconnues), qui les premiers ont donné la priorité à la raison et à l'expérience sur la Révélation divine et l'autorité religieuse. À la suite de John Locke et de Pierre Bayle, ils définissent une méthode critique pour réfuter les prétendues vérités révélées, comme la vie des saints ou les explications par le surnaturel. Ils en viennent du même coup à critiquer la monarchie de droit divin.
Jalons chronologiques d'un mouvement intellectuel
Le baron de Montesquieu (1689 - 1755), président au parlement de Bordeaux et auteur des Lettres persanes (1721), satire audacieuse des croyances et des murs des Français à la fin du règne de Louis XIV, a formulé, après un voyage en Europe &endash; et plus particulièrement en Angleterre &endash;, une nouvelle philosophie de l'histoire: «Il y a des causes générales, soit morales, soit physiques, qui agissent dans chaque monarchie, l'élèvent, la maintiennent, ou la précipitent; tous les accidents sont soumis à ces causes» (Considérations sur les causes de la grandeur des Romains et de leur décadence, 1734). Autrement dit, on peut expliquer le monde.
L'année 1748 marque un tournant, avec la parution et le grand succès de l'Esprit des lois, dans lequel Montesquieu analyse tous les régimes politiques et établit les rapports nécessaires qui unissent les lois d'un pays à ses murs, à son climat et à son économie. Par là apparaît bien la relativité du régime monarchique. L'année suivante, Diderot publie sa Lettre sur les aveugles, et Buffon le premier volume de son Histoire naturelle; en 1751 paraissent le premier volume de l'Encyclopédie de Diderot et de D'Alembert et le Siècle de Louis XIV de Voltaire.
Entre 1750 et 1775, les idées essentielles des Lumières se cristallisent et se diffusent. La figure centrale est celle de Voltaire (1694 - 1778); admirateur des institutions et des libertés anglaises, dans ses Lettres philosophiques, ou Lettres anglaises (1734), il attaque durement, par contrecoup, le régime de Louis XV. En 1760, après une vie agitée, et notamment trois années passées auprès du roi de Prusse Frédéric II, Voltaire s'établit à Ferney, près de la frontière suisse (donc à l'abri des poursuites), d'où il exerce une véritable souveraineté intellectuelle, par ses livres et surtout par son abondante correspondance. Quoique modéré sur le plan social et politique, il s'enflamme pour dénoncer les dénis de justice, le fanatisme et l'intolérance.
À cette époque, les Lumières françaises ont conquis l'Europe cultivée: «Il s'est fait une révolution dans les esprits [...]. La lumière s'étend certainement de tous côtés», écrit Voltaire en 1765. Désormais, l'athéisme n'hésite plus à se dévoiler, trouvant en Helvétius (De l'esprit, 1758) et en d'Holbach (Système de la nature, 1770) ses principaux défenseurs. Un nouveau venu, Jean-Jacques Rousseau, fils d'un modeste horloger genevois, incarne le versant démocrate des Lumières. Persuadé que tous les hommes naissent bons et égaux, il exalte l'état de nature et la libre expression des sentiments, réclame la protection des droits naturels de l'homme.
Si après 1775 les grands écrivains disparaissent (Voltaire et Rousseau en 1778, Diderot en 1784), c'est le moment de la diffusion maximale, tant géographique que sociale, des Lumières; l'opinion se politise, prend au mot leurs idées: la philosophie est sur la place publique. L'uvre de l'abbé Raynal (Histoire philosophique et politique des établissements et du commerce des Européens dans les deux Indes, 1770), qui condamne le despotisme, le fanatisme et le système colonial, connaît un grand succès. Le mathématicien Condorcet publie des brochures contre l'esclavage et pour les droits des femmes, et prépare sa synthèse de l'histoire de l'humanité (Esquisse d'un tableau historique des progrès de l'esprit humain, 1793).
Rayonnement européen
Les Lumières ne connaissent pas de frontières. Leur cosmopolitisme découle de l'universalité de la condition humaine. Le mouvement touche donc toutes les élites cultivées d'Europe, mais sa langue est le français, qui remplace le latin comme langue internationale des intellectuels. À la cour de Vienne ou de Saint-Pétersbourg, les Français sont à l'honneur, et leurs livres à la mode. Cette hégémonie tient au poids particulier de la France en Europe depuis Louis XIV, mais aussi au modèle de modernisme qu'elle incarne, à travers ses écrivains et ses savants, aux yeux des étrangers. Et, de fait, c'est en France que le mouvement des Lumières conquiert la plus large audience intellectuelle dans l'opinion. Dans les autres États d'Europe continentale, il n'a entraîné qu'une partie des élites. Le cas de l'Angleterre est singulier: elle a précédé et influencé les Lumières françaises naissantes, mais ses intellectuels n'ont pas prétendu se substituer au gouvernement ou à l'Église; sa classe dirigeante est restée imprégnée de puritanisme et s'est plus préoccupée de commerce que de philosophie : elle s'est satisfaite des acquis de sa révolution de 1689.
Les droits de la raison
«Philosopher, écrit la marquise de Lambert en 1715, c'est rendre à la raison toute sa dignité et la faire rentrer dans ses droits; c'est secouer le joug de la tradition et de l'autorité.» Le fonds commun des Lumières réside dans un rejet de la métaphysique, selon laquelle la transcendance (Dieu) précède la réalité (le monde). Les termes en sont inversés: la transcendance est ce qui reste, ce qui résiste à toute analyse rationnelle, scientifique, historique. Par-delà leur diversité, les hommes des Lumières ont en commun cette attitude d'esprit inspirée de la méthode scientifique, de l'expérimentalisme de Newton et de Locke: chercher dans l'investigation empirique des choses les rapports, les corrélations, les lois qui les régissent, et qui ont été jusqu'à présent masqués par les «préjugés».
La nature est rationnelle
Du coup, la vérité est recherchée du côté du monde physique, de l'univers pratique. Avec les Lumières, le regard intellectuel curieux se détourne du ciel au profit du monde concret des hommes et des choses. À l'étal du libraire, dans la liste des nouvelles publications, la proportion s'inverse entre les rubriques «arts, sciences et techniques» et «religion», au détriment de cette dernière. Les dogmes et les vérités révélées sont rejetés. Les Lumières refusent la prétention de la religion à tout expliquer, à fournir les raisons ultimes; elles veulent distinguer entre les différentes sphères de la réalité: le naturel, le politique, le domestique, le religieux, chacun ayant son domaine de pertinence et ses lois, chacun exigeant des savoirs et des méthodes de connaissance différents. En ce sens, les Lumières sont laïques.
Pourtant, la plupart des intellectuels éclairés restent déistes: pour eux, l'Univers est une mécanique admirablement réglée, dont l'ordre implique une intelligence ordonnatrice. «Je ne puis imaginer, dit Voltaire, que cette horloge marche et n'ait pas d'horloger.» Cette religion dite «naturelle» postule l'existence d'un «Être suprême»: nous savons qu'il est, mais nous ne pouvons savoir ce qu'il est; il échappe à la connaissance rationnelle. En revanche, la raison peut rendre compte des rouages de sa construction, «l'horloge». La nature est donc connaissable. On est loin de la croyance chrétienne en un Dieu personnel, Christ mort et ressuscité pour le salut du monde, toujours impliqué avec l'humanité en marche dans la réalisation de sa propre histoire.
D'autres, peu nombreux (Helvétius, d'Holbach, Diderot), vont plus loin: ils réfutent tout déisme, au profit d'un matérialisme athée selon lequel n'existe que la matière en mouvement.
Les sources de la connaissance : expérience et sensation
Si la vérité de la nature s'éclaire par les démonstrations impartiales de la raison, elle procède aussi de la sensibilité humaine. À la suite de Locke, Condillac (1715 - 1780) affirme que toute connaissance provient des sens (Traité des sensations, 1754).
L'expérience occupe ainsi une place centrale dans la théorie de la connaissance du XVIIIe siècle. Cette méthode procède par l'observation, l'analyse, la comparaison. D'où l'importance du voyage comme moyen de connaissance; d'où aussi le souci presque obsessionnel de la classification des faits, de la construction de tableaux : connaître, c'est décrire, inventorier, ordonner. Ainsi procède Buffon dans les trente-six volumes de son Histoire naturelle.
La raison expérimentale, dès lors, ne connaît pas de frontières: les Lumières opèrent une formidable expansion de la sphère de la connaissance scientifique. La raison est universelle; à côté des sciences naturelles et des sciences de la vie se développent les sciences humaines: ethnologie, psychologie, linguistique, démographie. Dans l'Esprit des lois, Montesquieu invente une sociologie politique, en recherchant les rapports qui unissent les «murs» de chaque peuple et la forme de son gouvernement.
Le bonheur et le progrès
La philosophie des Lumières procède d'un humanisme laïque : elle place l'homme au centre du monde, et entend uvrer à son bonheur. Pour Voltaire, «le vrai philosophe défriche les champs incultes, augmente le nombre des charrues, occupe le pauvre et l'enrichit, encourage les mariages, établit l'orphelin. Il n'attend rien des hommes, mais leur fait tout le bien dont il est capable». Un tel humanisme se situe à rebours de l'espérance chrétienne: «La vertu consiste à faire du bien à ses semblables et non pas dans de vaines pratiques de mortifications», écrit encore Voltaire. Foin des prières et des cierges dans les églises, il faut des actes. Tout l'effort de connaissance est orienté vers l'utilité commune. Cette conception utilitariste fait du bonheur le bien suprême. Elle tourne le dos à l'idée chrétienne de purification par l'épreuve et la souffrance, ainsi qu'aux notions nobiliaires et militaires d'héroïsme et de gloire.
Il y a là un optimisme fondamental, aux effets mobilisateurs : les hommes des Lumières croient au progrès possible des connaissances, à la capacité de la raison de saper les conventions, les usages et les institutions qui contredisent la nature et la justice. Pour eux, l'avancée de la science garantit la marche vers le bonheur. Cette foi dans le progrès indéfini de l'humanité se trouve d'ailleurs confortée par les découvertes scientifiques et la croissance économique du siècle.
Un manifeste des Lumières: l'«Encyclopédie»
Un ouvrage incarne à lui seul cette vaste entreprise humaniste et savante des Lumières: c'est l'Encyclopédie. Dix-sept volumes de texte, onze volumes de planches gravées, des dizaines de collaborateurs, 71 818 articles de A à Z, vingt-cinq années de travail : il s'agit là de la plus fantastique réalisation éditoriale de son temps. Tout commence en 1745, quand le libraire-éditeur Le Breton entreprend de publier une version française du dictionnaire de l'Anglais Chambers, paru en 1728. Deux ans plus tard, le philosophe Diderot et le mathématicien d'Alembert (1717-1783) deviennent codirecteurs du projet et lui donnent une plus vaste ampleur.
Denis Diderot (1713-1784) a alors trente-quatre ans. Philosophe, auteur dramatique, critique d'art, doué d'une intelligence aiguë, ce fils d'un modeste coutelier de Langres va se révéler le penseur le plus hardi de son temps et le principal animateur du mouvement philosophique de la seconde moitié du siècle. En 1749, sa Lettre sur les aveugles lui vaut un emprisonnement au donjon de Vincennes, pour délit d'athéisme. Libéré, il fait de l'Encyclopédie, de simple dictionnaire qu'elle était, une uvre gigantesque: ce sera une somme, un bilan des connaissances humaines dans tous les domaines. Parmi les collaborateurs, on retrouve les figures célèbres du siècle: Voltaire, Montesquieu, Rousseau, Buffon, Helvétius, d'Holbach, Quesnay, de Jaucourt, Grimm, Turgot.
Un projet ambitieux
Même si certains articles se contredisent, même si tous les auteurs ne sont pas également téméraires, le caractère novateur et progressiste de l'ensemble tient à sa forme : celle d'un dictionnaire encyclopédique, à vocation totalisante et universelle, qui offre «un tableau général des efforts de l'esprit humain dans tous les genres et dans tous les siècles». Ce qui est révolutionnaire, ce n'est pas le contenu en soi de tel ou tel article, mais le caractère de la démarche logique postulant l'unité des connaissances, produits d'une activité pratique de la raison. L'Encyclopédie veut vulgariser l'ensemble du savoir humain. Aussi s'attache-t-elle à décrire minutieusement tous les arts et les métiers, tous les savoir-faire concrets. La liberté d'opérer autant de rapprochements qu'il le désire est donnée au lecteur par le choix d'un classement alphabétique, qui met tous les savoirs &endash; scientifiques, intellectuels et pratiques &endash; sur un plan d'égale légitimité.
Une mission
Diderot s'explique précisément, dans l'article «Encyclopédie», sur ce qu'il conçoit comme une véritable mission: «Le but d'une Encyclopédie est de rassembler les connaissances éparses sur la surface de la terre; d'en exposer le système général aux hommes avec qui nous vivons, et de les transmettre aux hommes qui viendront après nous; afin que les travaux des siècles passés n'aient pas été des travaux inutiles pour les siècles qui succéderont; que nos neveux, devenant plus instruits, deviennent en même temps plus vertueux et plus heureux, et que nous ne mourions pas sans avoir bien mérité du genre humain.»
Une arme
Le livre devient alors un formidable instrument de combat contre les forces de la tradition et de l'immobilisme. «Il faut tout examiner, tout remuer sans exception et ménagement», écrit d'Alembert. Certes, l'éditeur Le Breton tente de ménager la censure, car les enjeux financiers sont énormes pour lui. On ne trouve donc rien de bien subversif dans les articles «Église» ou «Christianisme». Mais si le lecteur veut se prêter au jeu de cache-cache, il peut voir le pape ridiculisé dans l'article «Siako». Dans «Ypaini», l'eucharistie et la messe sont montrées comme des rites païens. L'absolutisme monarchique est dénoncé dans l'article «Représentant». «Impôt» prône l'égalité fiscale et l'abolition des privilèges.
Soutiens et détracteurs
Les institutions visées ne s'y sont pas trompées. Tour à tour, tous les adversaires des Lumières ont tenté de briser l'entreprise. L'édition est interdite à deux reprises, en 1752 parce qu'elle enseigne «la révolte envers Dieu et l'autorité royale», puis en 1759, après la parution du livre d'Helvétius, De l'esprit. Le parlement de Paris, conservateur, condamne l'Encyclopédie; le roi en révoque l'autorisation de publication qu'il avait accordée. L'Église la met à l'Index; le pape ordonne à tous les catholiques qui la possèdent de la brûler, sous peine d'excommunication. Pourtant, à force de ténacité et d'habiles compromis, la publication reprend. En fait, deux personnages influents protègent les encyclopédistes: Mme de Pompadour, la favorite de Louis XV, et Malesherbes, le directeur de la Librairie, c'est-à-dire le responsable de la censure, gagné aux idées des Lumières.
En 1772, la première édition arrive à son terme: 4 300 exemplaires ont été vendus. Si l'on ajoute les multiples rééditions, la diffusion atteint 25 000 exemplaires avant 1789: plus qu'un succès, c'est la formidable réussite d'un best-seller, qui aura cependant enrichi ses éditeurs bien plus que ses auteurs. Il n'empêche: en rassemblant toutes les idées nouvelles, toutes les critiques contre le régime établi, l'Encyclopédie a été le plus puissant véhicule de la propagande philosophique.
Le combats des Lumières pour la liberté
C'est sur le terrain des libertés, de la lutte contre l'arbitraire (insupportable dans les faits, révoltant dans les principes) et l'intolérance que les Lumières ont mené leurs principaux combats.
Contre l'arbitraire
La critique des Lumières s'attaque aux manifestations jugées les plus insupportables de l'absolutisme monarchique, et en premier lieu à l'arbitraire et à la toute-puissance de l'appareil policier. Il n'existe d'habeas corpus qu'en Angleterre : depuis 1679, personne ne peut y être arrêté et inculpé sans avoir été déféré dans les vingt-quatre heures devant un juge qui doit notifier le motif précis de l'arrestation et laisser l'inculpé choisir un avocat. Police et administration n'y ont aucun pouvoir juridictionnel : la justice est indépendante, ce qui garantit la liberté. Rien de tel dans les monarchies absolues. En France, la pratique des «lettres de cachet», en particulier celles laissées «en blanc», qui permettent à tout agent royal qui en dispose de priver n'importe qui de liberté, symbolise l'arbitraire du pouvoir.
Contre la torture
Les scandales qui éclatent sensibilisent l'opinion aux problèmes de la justice et de son organisation, lente, coûteuse, influençable jusqu'à commettre les pires erreurs sous la pression des préjugés.
De même, on s'indigne du caractère atroce de la procédure pénale. Avec le juriste italien Beccaria (Des délits et des peines, 1764) s'impose l'idée d'une justice qui n'utiliserait plus la «question», c'est-à-dire la torture, pour extorquer des aveux aux accusés; une justice devenue impartiale, qui proportionnerait les châtiments aux fautes démontrées, sans cruauté; une justice qui ne donnerait plus l'horrible spectacle de l'écartèlement ou de la lente agonie, sur la roue, de suppliciés à qui le bourreau a brisé les membres à coups de barre de fer.
Contre l'intolérance
Dans l'Europe du XVIIIe siècle, la question religieuse reste l'enjeu le plus brûlant. Les différentes confessions affirment toutes en effet la même prétention à l'universalité et à l'exclusivité (à l'exception du judaïsme, qui ne prétend pas convertir les non-juifs). De plus, partout prévaut le modèle de la religion d'État (catholique ou protestante) imposée à tous les habitants et tolérant difficilement (très difficilement en France, en Espagne, dans les États italiens, ou plus facilement en Prusse ou dans les Provinces-Unies) la présence d'étrangers de confessions différentes. Certes, en Angleterre, la loi de tolérance de 1694 reconnaît la liberté de culte pour les dissidents de l'Église anglicane, mais nullement pour les catholiques; de plus, les fonctions d'État y restent réservées aux seuls anglicans. Partout, enfin, les juifs se voient confinés aux marges de la société.
Face à l'intolérance et aux persécutions religieuses, les Lumières vont mener un combat passionné : prison, exil, excommunication guettent l'auteur imprudent ou sans protection. Le plus incendiaire de tous est Voltaire. Dès l'âge de vingt-trois ans, il a tâté de la Bastille. Mais ni la prison ni les autodafés n'ont eu raison de sa verve insolente. Il déteste l'obéissance, de façon viscérale. Il ne cesse de fustiger, de sa plume acérée, l'injustice, l'arbitraire et l'obscurantisme. Au bas de ses pamphlets rageurs, il signe Ecrelinf: «écrasons l'infâme», c'est-à-dire le prêtre fanatique, l'Inquisition et tous les dogmes religieux qui prêchent la crainte et la soumission.
Contre les juges de Calas et du chevalier de La Barre
S'il le faut, Voltaire n'hésite pas à s'engager. Entre 1761 et 1765, l'affaire Calas secoue la France. Jean Calas a retrouvé un soir son fils pendu, chez lui, à Toulouse. Or il est protestant: dès qu'on apprend que son fils était sur le point de se convertir au catholicisme, Calas est accusé de l'avoir assassiné. Malgré l'absence de preuve, il est condamné à mort: il meurt par le supplice de la roue. Contacté par les amis de Calas, Voltaire n'a de cesse d'obtenir réparation. Inlassablement, il écrit à tous les grands de France et d'Europe. Il obtient finalement la réhabilitation de Calas et le désaveu des juges aveuglés par le fanatisme. Et il repart aussitôt en campagne. Cette fois, la victime étant noble et catholique, son supplice est abrégé : le jeune chevalier de La Barre, condamné par le parlement de Paris, a le poignet tranché, la langue arrachée, la tête coupée; son corps est brûlé avec un exemplaire du Dictionnaire philosophique de Voltaire. Son crime ? Officiellement, la profanation d'un crucifix; en réalité, c'est son anticléricalisme qui est pourchassé. Voltaire plaide à nouveau, mais cette fois en vain.
Le combat cependant a porté ses fruits. À la fin du siècle, la liberté religieuse des individus a fait de grands progrès (édit de tolérance en 1781 en Autriche, reconnaissance de l'état civil des protestants en 1787 en France, plus grande liberté en Angleterre et en Prusse). Il faut toutefois se garder de tout anachronisme: ces luttes ont été menées moins au nom des droits de l'Homme (dont la théorisation est postérieure) qu'à celui de la religion naturelle. Pour les hommes des Lumières, toutes les religions relèvent de la même croyance en un Dieu législateur moral, d'une religiosité naturelle commune à tous. C'est l'exclusivisme religieux qui élève des barrières, ce sont les dogmes, les rites, les intérêts cléricaux, tout ce qui fige les différences entre les religions, qu'il faut éliminer.
Contre les discriminations
L'appel à la tolérance n'est pas une apologie de la différence. Il ne s'agit pas de faire reconnaître juridiquement des particularismes, mais bien plutôt de faire disparaître les différences légales : les philosophes des Lumières sont universalistes. Leur lutte contre les discriminations repose sur la conviction d'une égalité naturelle du genre humain. Pour eux, les préjugés historiques ont perverti l'être original de l'homme. D'où leur fascination pour les cas d'ensauvagement d'enfants, réintégrés par l'éducation dans la société. D'où le souci d'abolir les situations d'exclusion des marginaux, des malades, des pauvres ou des fous, dans lesquels le christianisme voyait au contraire le signe du péché originel et l'occasion pour les fidèles de manifester la vertu de charité.
Contre l'esclavage
Égalité de l'homme primitif, universalisme de l'humanité, ces deux principes conduisent à dénoncer l'esclavage des Noirs. Dans Candide, de Voltaire, le héros rencontre un nègre mutilé : cet esclave des champs de canne à sucre a perdu une main et une jambe. «On nous donne un caleçon de toile pour tout vêtement deux fois l'année, explique-t-il. Quand nous travaillons aux sucreries et que la meule nous attrape le doigt, on nous coupe la main; quand nous voulons nous enfuir, on nous coupe la jambe.» Et il ajoute: «C'est à ce prix que vous mangez du sucre en Europe.» L'Histoire des deux Indes de l'abbé Raynal, à laquelle Diderot a collaboré, est le plus éclatant manifeste abolitionniste: «Brisons les chaînes de tant de victimes de notre cupidité, dussions-nous renoncer à un commerce qui n'a que l'injustice pour base et le luxe pour objet.»
Cette même conviction de l'égalité naturelle du genre humain conduit à condamner la société d'ordres de l'Ancien Régime. Écoutons Figaro, le serviteur qui s'adresse à son maître: «Parce que vous êtes un grand seigneur, vous vous croyez un grand génie!... Noblesse, fortune, un rang, des places; tout cela rend si fier! Qu'avez-vous fait pour tant de biens? Vous vous êtes donné la peine de naître, et rien de plus» (Beaumarchais, le Mariage de Figaro, 1784). Les murs, la société sont condamnées parce qu'elles fonctionnent à rebours de la nature.
Pour la liberté d'entreprise et de commerce
Toute la pensée des Lumières repose, au fond, sur une conception de l'homme qui place au premier plan l'utilité : par nature, l'homme recherche son intérêt, moteur de sa perfectibilité et de sa sociabilité; mais des groupes d'intérêts particuliers, les tyrans, les prêtres, les armateurs qui vivent de la traite négrière, les charlatans qui profitent de la crédulité, ont détourné la masse des hommes de leur intérêt bien compris, celui où l'intérêt individuel n'est pas contradictoire avec l'intérêt collectif.
De cette conviction d'une plus grande efficacité sociale de la liberté découle le libéralisme économique. Dès 1758, autour de François Quesnay (1694-1774), les physiocrates réclament la liberté du commerce des grains, convaincus qu'elle seule incitera les agriculteurs à améliorer leur production. Avec Vincent de Gournay (1712-1759) et Turgot (1727-1781), les libéraux proclament la vertu de leur thèse dans la maxime: «Laissez faire [produire], laissez passer [circuler].»
En 1776, l'Écossais Adam Smith (1723-1790) expose les règles du libéralisme capitaliste dans un ouvrage destiné à un exceptionnel retentissement, la Richesse des nations. Pour lui, la spirale vertueuse de l'enrichissement obéit à un mécanisme simple : la poursuite par chacun de son intérêt égoïste. La libre concurrence conduit spontanément à l'harmonie; la composition des intérêts privés débouche sur le bien général: «Les intérêts privés et les passions des individus les portent à diriger leurs capitaux vers les emplois qui sont le plus avantageux à la société.» Il ne faut donc pas chercher à faire le bien, mais le laisser naître spontanément de nos passions. Ainsi agit la «main invisible» du libre marché. La liberté du commerce est donc, selon Smith, le plus efficace agent du développement économique.
La cité idéale des philosophes
Au-delà de ces convictions libérales plus ou moins partagées, plus ou moins cohérentes selon les auteurs, les hommes des Lumières apparaissent divisés quant à la conception du meilleur régime politique.
Le modèle anglais
Voltaire dans les Lettres anglaises, Montesquieu dans l'Esprit des lois ne sont à proprement parler ni républicains ni démocrates. Voltaire a vu l'Angleterre, rapidement; il a surtout lu John Locke, le théoricien de la révolution de 1688, qui fait l'éloge de la monarchie constitutionnelle, où le roi partage le pouvoir avec la nation. Montesquieu est plus systématique, il propose une histoire et une sociologie des régimes politiques : le gouvernement républicain, « où le peuple en corps [démocratie] ou seulement une partie du peuple [aristocratie] a la souveraine puissance », repose sur la vertu; le gouvernement despotique, «où un seul, sans lois et sans règles, entraîne tout par sa volonté et par ses caprices», se fonde sur la crainte; le gouvernement monarchique, «où un seul gouverne, mais par des lois fixes et établies», repose sur l'honneur. C'est à cette monarchie modérée, de type anglais, où la liberté est assurée par la séparation des trois pouvoirs, exécutif, législatif et judiciaire, que vont les préférences de Montesquieu.
L'Angleterre est donc le modèle: le royaume le mieux gouverné de l'Europe, parce que le citoyen y est protégé par la loi contre tout arbitraire, parce que le roi respecte la loi qu'il n'a pas élaborée lui-même, prérogative qui appartient aux représentants élus de la nation. Pour autant, le rôle prééminent de la noblesse dans la nation et au Parlement n'est pas remis en cause. Montesquieu propose qu'en France les «pouvoirs intermédiaires» (clergé, noblesse, parlements judiciaires) exercent une forme de contrôle, comme représentants naturels de la nation, sur la monarchie: son libéralisme politique est donc limité aux élites.
Voltaire, quant à lui, finit par s'éloigner du modèle anglais, car il ne veut pas donner trop de pouvoir à des élites aristocratiques et religieuses résolument hostiles aux Lumières et au progrès. Il préfère donc pour la France un monarque et un gouvernement forts, mais éclairés, qui respectent les libertés civiles, excluent tout arbitraire, et suivent les conseils des philosophes pour moderniser le pays, d'en haut.
Les contradictions du despotisme éclairé
Faute de trouver suffisamment de crédit au sein des élites, par méfiance envers une noblesse et des parlementaires jugés obscurantistes, et considérant le peuple trop peu éclairé, les Lumières françaises reportent leurs espoirs sur des souverains qu'ils espèrent convertir à leurs idées: c'est le «despotisme éclairé». Il s'agit de subordonner les intérêts privilégiés et les coutumes au système rationnel d'un État censé représenter le bien public, de favoriser le progrès économique et la diffusion de l'enseignement, de combattre tous les préjugés pour faire triompher la raison. Ce despotisme éclairé inspira Frédéric II en Prusse, Catherine II en Russie, Joseph II en Autriche. Mais les philosophes qui croyaient jouer un rôle positif en conseillant les princes, comme Voltaire auprès de Frédéric II et Diderot auprès de Catherine II, perdirent vite leurs illusions. Ce qu'ils avaient pris pour l'avènement de la raison et de l'État rationnel était en réalité celui de la raison d'État, cynique et autoritaire. L'impasse découle d'une insurmontable contradiction: vouloir imposer le progrès d'en haut, c'est s'exposer à l'autoritarisme. Il faut convaincre la société entière et pas seulement le prince. Le despotisme éclairé est antinomique de la liberté politique.
Jean-Jacques Rousseau défend des conceptions politiques bien différentes, radicalement démocratiques. Du contrat social (1762) constitue un tournant dans la pensée politique. Pour Rousseau, toute société humaine repose sur un contrat entre les participants, contrat tacite ou bien accepté à un moment donné. Toute souveraineté réside donc dans le peuple qui accepte ce contrat. Celui-ci suppose l'égalité civile et politique de tous les citoyens qui forment la nation, l'ensemble des contractants. La cité idéale de Rousseau, composée de petits propriétaires égaux et libres, garantit ainsi les droits naturels de l'individu; elle bannit l'injustice et l'oppression; elle fonde l'idée démocratique qui inspirera la Révolution française.
La diffusion des Lumières
Le mouvement des Lumières se distingue des mouvements intellectuels qui l'ont précédé par son destinataire : l'opinion publique. Voltaire, Diderot et leurs amis sont des agitateurs d'idées; ils veulent discuter, convaincre. Les progrès de l'alphabétisation et de la lecture dans l'Europe du XVIIIe siècle permettent le développement de ce qu'on a appelé un «espace public» : les débats intellectuels et politiques dépassent le cercle restreint de l'administration et des élites, impliquant progressivement des secteurs plus larges de la société. La philosophie est à double titre « l'usage public de la raison », comme le dit Kant : à la fois le débat public, ouvert, contradictoire, qui s'enrichit de la libre discussion, et l'agitation, la propagande pour convaincre et répandre les idées nouvelles.
Les salons
Le siècle des Lumières invente, ou renouvelle profondément, des lieux propices au travail de l'opinion publique. Ce sont d'abord les cafés, où on lit et on débat, comme le Procope, à Paris, où se réunissent Voltaire, Diderot, Marmontel, Fontenelle, et qui sont le rendez-vous nocturne des jeunes poètes ou des critiques qui discutent passionnément des derniers succès de théâtre ou de librairie. Ce sont surtout les salons mondains, ouverts par tous ceux qui ont quelque ambition, ne serait-ce que celle de paraître. Mais il faut y être introduit. Les grandes dames reçoivent artistes, savants et philosophes. Chaque hôtesse a son jour, sa spécialité et ses invités de marque. Le modèle est l'hôtel de la marquise de Lambert, au début du siècle. Plus tard, Mme de Tencin, rue Saint-Honoré, accueille Marivaux et de nombreux autres écrivains. Mme Geoffrin, Mme du Deffand, Julie de Lespinasse, puis Mme Necker reçoivent les encyclopédistes. Les gens de talent s'y retrouvent régulièrement pour confronter leurs idées ou tester sur un public privilégié leurs derniers vers. Mondaines et cultivées, les créatrices de ces salons animent les soirées, encouragent les timides et coupent court aux disputes. Ce sont de fortes personnalités, très libres par rapport à leurs consurs, et souvent elles-mêmes écrivains et épistolières.
Les académies, les bibliothèques et les loges
Les académies sont des sociétés savantes qui se réunissent pour s'occuper de belles-lettres et de sciences, pour contribuer à la diffusion du savoir. En France, après les fondations monarchiques du XVIIe siècle (Académie française, 1634; Académie des inscriptions et belles-lettres, 1663; Académie royale des sciences, 1666; Académie royale d'architecture, 1671), naissent encore à Paris l'Académie royale de chirurgie (1731) et la Société royale de médecine (1776). Le clergé et, dans une moindre mesure, la noblesse y prédominent. En province, il y a neuf académies en 1710, 35 en 1789.
Ces sociétés provinciales regroupent les représentants de l'élite intellectuelle des villes françaises. Leur composition sociale révèle que les privilégiés y occupent une place moindre qu'à Paris: 37 % de nobles, 20 % de gens d'Église. Les roturiers constituent 43 % des effectifs: c'est l'élite des possédants tranquilles qui siège là. Marchands et manufacturiers sont peu présents (4 %).
Voisines des académies, souvent peuplées des mêmes hommes avides de savoir, les bibliothèques publiques et chambres de lecture se sont multipliées, fondées par de riches particuliers ou à partir de souscriptions publiques. Elles collectionnent les travaux scientifiques, les gros dictionnaires, offrent une salle de lecture et, à côté, une salle de conversation.
Toutes ces sociétés de pensée fonctionnent comme des salons ouverts et forment entre elles des réseaux provinciaux, nationaux, européens, échangeant livres et correspondance, accueillant les étrangers éclairés, lançant des programmes de réflexion, des concours de recherche. On y parle physique, chimie, minéralogie, agronomie, démographie.
Parmi les réseaux éclairés, le plus développé est celui de la franc-maçonnerie, quoique réservé aux couches supérieures. Née en Angleterre et en Écosse, la franc-maçonnerie, groupement à vocation philanthropique et initiatique, concentre tous les caractères des Lumières: elle est théiste, tolérante, libérale, humaniste, sentimentale. Elle connaît un succès foudroyant dans toute l'Europe, où l'on compte des milliers de loges en 1789. Les milieux civils, militaires et même religieux, liés aux appareils d'État, y sont tout particulièrement gagnés. Ni anticléricales (elles le seront au XIXe siècle) ni révolutionnaires, les loges ont contribué à répandre les idées philosophiques et l'esprit de réforme dans les lieux politiquement stratégiques. La discussion intellectuelle l'emporte sur le caractère ésotérique ou sectaire. Surtout, les élites y font, plus encore que dans les académies, l'apprentissage du primat de l'égalité des talents sur les privilèges de la naissance.
La presse enfin contribue à la constitution d'un espace public savant, malgré la censure, toujours active. Le Journal des savants, le Mercure de France, les périodiques économiques sont en fait plutôt ce que nous appellerions des revues. Par les recensions d'ouvrages et par les abonnements collectifs des sociétés de pensée, un public éloigné des centres de création peut prendre connaissance des idées et des débats, des découvertes du mois, sinon du jour.
L'écho des Lumières
Mouvement intellectuel caractéristique du siècle, les Lumières ont évidemment influencé l'art de leur temps. Pour autant, elles n'ont pas dicté une esthétique spécifique. Elles ont en revanche créé un urbanisme particulier. La ville des Lumières est le fruit des efforts conjoints des pouvoirs publics et des architectes soucieux du bien public: elle doit être claire, aérée, hygiénique et fonctionnelle. L'architecte Claude Nicolas Ledoux (1736-1806) est celui qui va le plus loin dans l'utopie d'un habitat totalement fonctionnel et utilitaire. Il construit à partir de 1775 la fameuse ville idéale de la saline de Chaux, dans le Jura, véritable cité usinière ne laissant aucune place à la fantaisie ou à l'improvisation.
D'une façon générale, la sensibilité des Lumières porte à une sentimentalité morale : le temps de l'ironie voltairienne passé, on veut s'apitoyer, avec Rousseau (la Nouvelle Héloïse, 1761) et les tableaux de Greuze, chercher le beau et le bon éternels. Plus le siècle s'avance, plus la littérature et l'art répudient la gratuité des formes, la légèreté, regardées comme aristocratiques et mondaines, pour aller vers le sérieux, l'authentique et le naturel, bien sûr; bref, vers ce qui est conforme à la morale utilitaire du public bourgeois. D'où le goût croissant pour le néoclassicisme, qui met en avant l'antique, non pas l'antique allégorique de l'époque classique mais un antique historique plus sobre, à la façon du peintre David.
Malgré leur volonté militante, les Lumières n'ont touché que les élites, même élargies aux fractions montantes des bourgeoisies. L'écho, dans ces milieux dominants, est certes considérable en Angleterre et en France, mais plus restreint en Allemagne et en Italie; le public éclairé est très peu nombreux en Espagne ou en Russie, où seuls quelques intellectuels, hauts fonctionnaires et grandes familles participent au mouvement. Le peuple, lui, n'est pas touché: l'immense majorité des paysans, même français, n'a jamais entendu parler de Voltaire ou de Rousseau.
Malgré tout, les Lumières ont ébranlé les certitudes anciennes. Et l'ébranlement ne s'est pas arrêté aux portes du social et du politique: les Lumières ont inspiré la génération révolutionnaire. Ce qui ne signifie nullement qu'elles aient consciemment appelé de leurs vux la Révolution de 1789.
© Encyclopédie Hachette Muiltimedia 1998