Friedrich Nietzsche

(1844-1900)

 

 

Frédéric Nietzsche naquit, en 1844, au presbytère de Roecken, dans le royaume de Saxe, près de Leipzig. Fils de pasteur, il fait de brillantes études de philologie et il est nommé, à vingt-quatre ans, en 1869, professeur de philologie classique à Bâle.

Mais sa véritable vocation est la philosophie et, en 1871 , il écrit L'origine de la tragédie, ouvrage d'ailleurs mal accueilli par les philologues. C'est l'époque de sa grande amitié avec Richard Wagner, à qui est dédié ce livre. En 1876, malade, il prend un congé de l'Université et voyage. Ainsi va-t-il, de meublés en modestes pensions, en Suisse, en Italie, dans le Midi de la France. Il publie, en 1878, Humain, trop humain et, en 1880, Le voyageur et son ombre. Puis, pour des raisons complexes, vient la rupture avec Wagner : Nietzsche estime désormais que ses travaux sont fondamentalement opposés à l'œuvre du musicien.

De 1880 à 1889, Nietzsche publie ses principaux ouvrages : Aurore (1880-1881) ; Le Gai savoir (188l-1882) ; Ainsi parlait Zarathoustra (1882-1885) ; Par-delà le Bien et le Mal (1886) ; La généalogie de la morale (1887). L'année 1888, qui précède l'effondrement final, est une année de très grande fécondité. Nietzsche écrit Le crépuscule des Idoles, Le cas Wagner, L'Antéchrist, Ecce homo (ce dernier ouvrage ne paraîtra qu'en 1908).

A Turin, en 1889, c'est la crise. Nietzsche est interné. Diagnostic officiel : « paralysie progressive » (en réalité, il s'agissait probablement d'une démence). Sa mère le prend chez elle et, aidée par la sœur du philosophe, Elisabeth, le soigne avec dévouement. Nietzsche est mort à Weimar, en 1900.

Il faut, enfin, mentionner la suprême trahison : la sœur de Nietzsche, mariée avec un antisémite, a trahi la pensée du philosophe, mis au service de l'extrême droite et du national-socialisme. Elle a déformé le sens des œuvres posthumes de Nietzsche, en particulier de l'ouvrage auquel Nietzsche travailla à partir de 1884 et surtout en 1886, qui demeura inachevé et qui fut publié sous le titre de La volonté de puissance.

 

Racines et apports

 

1 - Les racines

* Nietzsche a d'abord subi l'influence de la culture et de la réflexion helléniques. Ainsi a-t-il salué et célébré l'audace philosophique des Présocratiques, Thalès, Parménide et Héraclite, les opposant à Socrate, ce « plébéien inculte », ainsi qu'à Platon. La conception stoïcienne de l'Eternel retour forme aussi l'une des sources de la pensée de Nietzsche, qui redonnera vie à ce thème.

* Mais la philosophie de Schopenhauer le frappa également. Le monde comme volonté et comme représentation le bouleversa et imprègne profondément l'origine de la tragédie. Nietzsche rejettera, par la suite, le pessimisme de Schopenhauer.

* Enfin, Nietzsche a longtemps admiré Richard Wagner, dont il fit la connaissance en 1868. C'est à partir de 1875-1876 (4e Considération intempestive : Richard Wagner à Bayreuth) que les réserves de Nietzsche deviendront manifestes. Il reproche à Wagner, pêle-mêle, l'atmosphère de kermesse de Bayreuth, son adhésion à l'AIlemagne de l'Empire, corruptrice de la civilisation, etc.

* Mais il ne faudrait pas oublier que Nietzsche fut, d'abord, philologue et spécialiste de philologie classique. Nietzsche s'est surtout intéressé à Simonide et Diogène Laërce.

 

 

2 - Les apports conceptuels

 

Nietzsche a traqué, sous toutes ses formes, l'illusion des arrière-mondes : ce qui compte, c'est notre monde, en tant qu'il est joie, création et plénitude vitale, volonté de puissance.

Il a construit sa démarche sur les concepts fondamentaux suivants :

* la volonté de puissance, envisagée comme énergie conquérante et dominatrice, comme volonté d'un surplus de force active et dynamique, comme faculté créatrice et plénitude de l'âme ; elle consiste, sous sa forme la plus haute, à créer et à donner ;

* le surhomme : c'est l'homme libre d'esprit et de cœur, le créateur, le point le plus haut de la transcendance humaine ;

* l'esclave : il est le faible, celui qui est incapable de créer authentiquement et vit dans le ressentiment ;

* le ressentiment : conçu comme sentiment de rancune et d'amertume, ressenti par les faibles devant les créateurs et les maîtres, et qui sera à l'origine des valeurs morales.

 

Jacqueline Russ, Les chemins de la pensée, Ed. Bordas pp. 352-353

Voir aussi et surtout http://perso.club-internet.fr/michelar/