Nietzsche
Par-delà le bien et le mal
cinquième partie
§ 194
Die Verschiedenheit der Menschen zeigt sich nicht nur in der Verschiedenheit ihrer Gütertafeln, also darin, dass sie verschiedene Güter für erstrebenswerth halten und auch über das Mehr und Weniger des Werthes, über die Rangordnung der gemeinsam anerkannten Güter mit einander uneins sind: - sie zeigt sich noch mehr in dem, was ihnen als wirkliches Haben und Besitzen eines Gutes gilt. In Betreff eines Weibes zum Beispiel gilt dem Bescheideneren schon die Verfügung über den Leib und der Geschlechtsgenuss als ausreichendes und genugthuendes Anzeichen des Habens, des Besitzens; ein Anderer, mit seinem argwöhnischeren und anspruchsvolleren Durste nach Besitz, sieht das "Fragezeichen", das nur Scheinbare eines solchen Habens, und will feinere Proben, vor Allem, um zu wissen, ob das Weib nicht nur ihm sich giebt, sondern auch für ihn lässt, was sie hat oder gerne hätte -: so erst gilt es ihm als "besessen". Ein Dritter aber ist auch hier noch nicht am Ende seines Misstrauens und Habenwollens, er fragt sich, ob das Weib, wenn es Alles für ihn lässt, dies nicht etwa für ein Phantom von ihm thut: er will erst gründlich, ja abgründlich gut gekannt sein, um überhaupt geliebt werden zu können, er wagt es, sich errathen zu lassen -. Erst dann fühlt er die Geliebte völlig in seinem Besitze, wenn sie sich nicht mehr über ihn betrügt, wenn sie ihn um seiner Teufelei und versteckten Unersättlichkeit willen eben so sehr liebt, als um seiner Güte, Geduld und Geistigkeit willen. Jener möchte ein Volk besitzen: und alle höheren Cagliostro- und Catilina-Künste sind ihm zu diesem Zwecke recht. Ein Anderer, mit einem feineren Besitzdurste, sagt sich "man darf nicht betrügen, wo man besitzen will" -, er ist gereizt und ungeduldig bei der Vorstellung, dass eine Maske von ihm über das Herz des Volks gebietet: "also muss ich mich kennen lassen und, vorerst, mich selbst kennen!" Unter hülfreichen und wohlthätigen Menschen findet man jene plumpe Arglist fast regelmässig vor, welche sich Den, dem geholfen werden soll, erst zurecht macht: als ob er zum Beispiel Hülfe "verdiene", gerade nach ihrer Hülfe verlange, und für alle Hülfe sich ihnen tief dankbar, anhänglich, unterwürfig beweisen werde, - mit diesen Einbildungen verfügen sie über den Bedürftigen wie über ein Eigenthum, wie sie aus einem Verlangen nach Eigenthum überhaupt wohlthätige und hülfreiche Menschen sind. Man findet sie eifersüchtig, wenn man sie beim Helfen kreuzt oder ihnen zuvorkommt. Die Eltern machen unwillkürlich aus dem Kinde etwas ihnen Ähnliches - sie nennen das "Erziehung" -, keine Mutter zweifelt im Grunde ihres Herzens daran, am Kinde sich ein Eigenthum geboren zu haben, kein Vater bestreitet sich das Recht, es seinen Begriffen und Werthschätzungen unterwerfen zu dürfen. Ja, ehemals schien es den Vätern billig, über Leben und Tod des Neugebornen (wie unter den alten Deutschen) nach Gutdünken zu verfügen. Und wie der Vater, so sehen auch jetzt noch der Lehrer, der Stand, der Priester, der Fürst in jedem neuen Menschen eine unbedenkliche Gelegenheit zu neuem Besitze. Woraus folgt .....
La diversité des hommes ne se manifeste pas seulement dans la diversité de leurs classement des biens, autrement dit dans le fait qu'ils tiennent pour désirables des biens différents et qu'ils sont en désaccord sur leur plus ou moins de valeur, sur la hiérarchie à établir entre les biens qu'ils reconnaissent tous comme tels; cette diversité est plus manifeste encore dans ce qui leur importe dans le fait d'avoir, de posséder un bien. Dans le cas d'une femme, par exemple, pour quelqu'un de peu regardant le fait de pouvoir disposer de son corps et en tirer du plaisir sera tenu pour une preuve suffisante et satisfaisante d'avoir et de posséder. Un autre avec une soif de possession plus méfiante et plus exigeante, verra le caractère incertain et purement apparent d'une telle possession et réclamera des preuves plus subtiles pour savoir avant tout si la femme non seulement se donne à lui, mais aussi renonce pour lui à ce qu'elle a ou aimerait avoir; alors seulement il il aura le sentiment de la " posséder ". Mais un troisième ne sera pas encore au bout de sa méfiance et sa volonté de possession; il se demandera si la femme, quand elle a tout quitté pour lui, ne l'a pas fait éventuellement pour un fantôme de lui-même; il voudra être connu à fond, de fond en comble, pour pouvoir être aimé vraiment; il osera se laisser deviner. Il ne sentira que sa bien-aimée est entièrement en sa possession lorsqu'elle ne se fera plus d'illusion sur lui, lorsqu'elle elle l'aimera pour son esprit maléfique et son insatiabilité cachée tout autant que pour sa bonté, sa patience et ses qualités d'esprit. Un autre voudra posséder une nation, et tous les artifices à cet effet lui seront bons, ceux d'un Cagliostro comme ceux d'un Catilina. Un autre, avec un désir de possession plus raffiné, se dira "on ne doit pas tromper ce qu'on veut posséder"; il s'irritera et s'impatientera à l'idée que c'est un masque de lui-même qui règne sur le coeur du peuple. "Aussi dois-je, pensera-t-il, me faire connaître, et tout d'abord me connaître moi-même". Chez les hommes secourables et bienfaisants on rencontre presque invariablement cette lourde astuce qui commence par se faire une idée qui convienne de celui qu'on veut secourir; ils se disent, par exemple, qu'il "mérite" d'être aidé, que c'est précisément leur aide qu'il réclame, et qu'il devra se montrer pour le moindre secours profondément reconnaissant, attaché, soumis; c'est avec de telles considérations qu'ils disposent des nécessiteux comme d'une propriété, de même que c'est par désir de posséder qu'ils montrent qu'ils sont des hommes bienfaisants et secourables. On les découvre plein de rancoeur si on contrarie leur action charitable ou si on la prévient. Les parents, sans le vouloir, font de leurs enfants un être qui leur ressemble - c'est ce qu'ils appellent "éducation"; aucune mère ne doute, au fond du coeur, que l'enfant qu'elle a mis au monde ne soit sa propriété; aucun père ne se refuse le droit de lui imposer ses conceptions et ses jugements de valeur. Jadis les pères trouvaient même légitime de disposer à leur gré de la vie ou de la mort du nouveau-né (comme ce fut le cas chez les anciens Germains). Et comme le père, aujourd'hui encore, l'éducateur, la classe, le prêtre, le prince voient dans chaque nouvel être humain une occasion incontestable de possession nouvelle. D'où il suit que...
Dis-moi comment tu possèdes
(et non ce que tu possèdes, ce à quoi tu t'attaches &emdash; cf. § 175 )
et je te dirai qui tu es .
Nietzsche suggère que pour spécifier les hommes, il y a plus révélateur, et donc plus fondamental, que les jugements de valeur. Il y a le style de leurs attachements humains - et même les plus humains - le désir, plus ou moins raffiné, plus ou moins total mais toujours constant, de possession (forme de la volonté de puissance - cf. fin de l'aphorisme: "d'où il suit que ")
Dans l'amour * de l'homme pour la femme avec ses degrés dans le raffinement, comme dans l'amour des parents pour leurs enfants, en passant par le goût du pouvoir et de la bienfaisance, Nietzsche dépiste l'instinct de domination.
N.B. * Le désir de possession chez l'homme, le désir d'être possédé chez la femme sont deux formes de la volonté de puissance. Ils définissent pour Nietzsche les deux formes de l'amour. Pour posséder totalement un être, il faut pouvoir tout lui imposer, même ce qui , dans notre personne, lui est le plus odieux.
Question à poser: même si Nietzsche a raison dans sa définition de l'amour, l'objet du désir - telle personne et non telle autre - n'est-il vraiment que prétexte à la jouissance dominatrice ?
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